Rôle des mastocytes dans la physiopathologie de l’hyperaldostéronisme primaire

Un don de 4000 € a été attribué au Pr Hervé Lefebvre, endocrinologue au CHU de Rouen, INSERM U982 pour un projet sur le rôle des mastocytes dans la physiopathologie de l’hyperaldostéronisme primaire

L’hypertension artérielle est une affection cardio-vasculaire très fréquente dont les mécanismes sont souvent inconnus. Sa prise en charge clinique fait généralement appel à l’administration à vie de médicaments anti-hypertenseurs faute de pouvoir en traiter la cause. Cependant, dans environ 10% des cas, l’hypertension résulte d’une production exagérée d’une hormone produite par les glandes surrénales, l’aldostérone. On parle alors d’hyperaldostéronisme primaire. Cette affection résulte, dans moins d’un cas sur deux, de la présence d’un petit adénome bénin (adénome de Conn) développé aux dépens de l’une des deux surrénales. Le traitement habituel de l’adénome de Conn est la chirurgie mais l’ablation de l’adénome ne permet pas toujours de faire disparaître l’hypertension. Il serait donc particulièrement utile de pouvoir développer de nouvelles stratégies de traitement permettant de maîtriser l’hypersécrétion d’aldostérone et l’hypertension qui en découle et donc d’éviter l’intervention. Néanmoins, la mise au point de ces nouvelles thérapeutiques nécessite au préalable de connaître les mécanismes impliqués dans le développement des adénomes de Conn. Notre équipe avait précédemment montré que la sécrétion d’aldostérone est physiologiquement contrôlée par un neurotransmetteur, la sérotonine, libéré dans la surrénale par des cellules du système immunitaire appelées mastocytes. Par ailleurs, il est maintenant bien démontré que les mastocytes jouent un rôle important dans le développement de divers types de tumeurs. Il est par conséquent possible que ces cellules soient impliquées dans l’apparition et la croissance des adénomes de Conn.

Le but de l’étude, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme national (Integrated Study of Primary Aldosteronism) coordonné par le Dr M.C. Zennaro (INSERM U970, Paris), est donc d’étudier le rôle des mastocytes dans la physiopathologie de l’adénome de Conn. Les travaux expérimentaux auront pour but de caractériser les mastocytes présents dans les adénomes de Conn, et d’étudier leur influence sur les activités des cellules surrénaliennes sécrétrices d’aldostérone. Ils utiliseront à la fois des fragments d’adénomes de Conn fournis par le réseau COMETE coordonné par le Pr P.F. Plouin (Unité d’hypertension artérielle, Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris) et des lignées cellulaires humaines. L’ensemble de l’étude sera menée par l’équipe 4 de l’INSERM U982 (Université de Rouen, Mont-Saint-Aignan) dirigée par le Pr H. Lefebvre et fera appel à diverses approches expérimentales telles que l’immunohistochimie, la biologie moléculaire, les cultures de cellules et des dosages hormonaux.

Le projet permettra de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques impliqués dans la genèse de l’adénome de Conn. Les résultats attendus devraient en outre déboucher sur la mise en évidence de nouvelles cibles thérapeutiques pour la prise en charge clinique de l’hyperaldostéronisme primaire.